Il y a quelques années, Brigitte Denis (2002) avait publié un article qui proposait une typologie des usages pédagogiques des technologies (article accessible en ligne). L’intérêt de ce genre de typologie est de donner un aperçu d’objectifs et d’activités pédagogiques variées qui peuvent être soutenus par les technologies dans l’enseignement. Lors de la formation aux usages des technologies que nous avons organisée avec mes collègues récemment (et dont j’ai déjà parlé ici), nous avons repris cette typologie et l’avons un peu adaptée pour être plus spécifique à l’enseignement universitaire. Notre objectif était de montrer aux participant-e-s divers exemples d’usages des technologies dans les cours à l’université. La typologie se présente comme suit, en cinq catégories (Denis, 2002, en identifiait six):
Brièvement, voici comment nous définissons chaque catégorie:
- Enseignement de notions, de démarches, etc. et recherche d’informations. Buts: Enseigner des notions ou des démarches que l’apprenant-e doit maîtriser. Faire explorer des ressources existantes pour acquérir activement de nouvelles compétences spécifiques, ou pour récolter des informations qui serviront à réaliser un projet ou un travail.
Un des exemples que nous avons cités dans cette catégorie est le cours « Complément aux travaux pratiques en neuroanatomie« . Dans ce cours conçu à la Faculté de Médecine de l’UNIL, les étudiant-e-s ont accès à de nombreuses ressources pour revoir les matières vues au cours. Ils/elles disposent là des illustrations, vidéos et polycopiés du cours, de même qu’à quelques quizz pour s’exercer à retenir la matière. - Communication et collaboration. Buts: Interagir grâce aux et sur les productions (messages, projets) des utilisateur-trice-s. Collaborer avec autrui pour réaliser un projet ou résoudre un problème.
Un exemple que nous avons présenté est celui du cours international Learn-Nett (Learning Network for Teachers and Trainers) qui propose à des étudiant-e-s futur-e-s enseignant-e-s de réaliser un projet collaboratif à distance. - Usages de logiciels ou d’outils en ligne pour la production de travaux. But: Produire un travail personnel ou de groupe.
On pense bien sûr à l’usage de logiciels de traitement de texte ou éventuellement de services en ligne comme les Wikis. Un autre exemple parmi d’autres que nous avons présenté est celui de la réalisation, par les étudiant-e-s, d’enregistrements audio d’exercices d’expression orale pour l’apprentissage d’une langue étrangère. C’est ce que propose sous différentes formes l’école de français langue étrangère de l’UNIL (enregistrements sur cassettes ou en fichiers). - Gestion de l’Enseignement/Apprentissage. Buts: Fournir à l’enseignant-e une aide pour gérer et réguler son enseignement ainsi que l’apprentissage des étudiant-e-s.
Nous avons notamment présenté ici l’usage des modules de rendu de devoirs proposés dans la plupart des plates-formes d’enseignement à distance utilisées dans les universités (comme Moodle, Claroline, Dokeos, etc.). Nous avons aussi parlé de l’usage des e-portfolios par les étudiant-e-s qui leur permettent entre autres de garder des traces des travaux qu’ils/elles réalisent tout au long de leur parcours de formation (ou d’un cours), de réfléchir à leur expérience d’apprentissage et de produire par la suite différents documents comme un compte-rendu à rendre à un-e enseignant-e ou un curriculum vitae. J’ai déjà écrit plusieurs notes dans ce blog à propos des e-portfolios. - Exercisation. Buts: Entraîner les étudiant-e-s à maîtriser des contenus, à effectuer des applications de méthodes ou de théories.
Deux exemples dans ce cadre qui viennent de l’Université de Namur en Belgique:- la création d’un oscilloscope virtuel pour que les étudiant-e-s se familiarisent avec l’usage de cet appareil avant de participer à des TP de physique.
- la mise en ligne d’exercices de sociologie pour que les étudiant-e-s s’approprient la matière vue au cours et se familiarisent avec le type de questions qu’ils/elles recevront à l’examen.
Comme toute typologie, il s’agit d’un découpage arbitraire de la réalité pour lui donner de l’intelligibilité. Dans notre schéma, les différentes catégories se recoupent et nous avons présenté plusieurs exemples qui se situaient à l’intersection de deux ou plusieurs catégories. Le but est surtout d’attirer l’attention sur la variété des usages possibles (une question que se posent très souvent les novices en la matière) et donc de montrer que toutes sortes d’objectifs pédagogiques peuvent être soutenus par des usages de technologies. Dans les évaluations de la formation effectuées par nos participant-e-s (ils/elles étaient 5… ce n’est pas si mal pour une première au moment de la rentrée académique 🙂 ), plusieurs ont souligné la clarté de cette typologie et que celle-ci les avait aidé-e-s à y voir plus clair dans les possibilités existantes d’usages.
D’autres typologies existent bien sûr et ont été présentées par Josiane Basque et Karin Lundgren-Cayrol (2003) dans un document téléchargeable à cette adresse (PDF – 190Ko).
Denis, B. (2002). Quels usages des logiciels mettre en œuvre en contexte éducatif? Centre de Recherche sur l’Instrumentation, la Formation et l’Apprentissage (CRIFA), Université de Liège. Retrouvé de http://www.infotheque.info/ressource/9026.html.