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Posts Tagged ‘logiciel de présentation’

Est-il judicieux de fournir les dias du cours aux étudiant-e-s avant la séance? N’y a-t-il pas un risque qu’ils/elles ne viennent pas au cours car ils/elles pourraient se dire que les dias suffisent pour préparer l’examen? Ne vaut-il donc pas mieux leur fournir les dias seulement après le cours? Ou au contraire, est-ce que ça peut les aider à prendre des notes pendant le cours et donc éventuellement à mieux travailler pour leur examen? Et qu’en pensent les étudiant-e-s?

C’est autour de ces questions que Babb et Ross (2009) ont mené une étude récente sur des cours de Sciences Sociales, « Méthodes de recherche » (avec des étudiant-e-s issu-e-s de la première à la quatrième année d’études) et « Développement cognitif » (avec des étudiant-e-s de quatrième année). Trois hypothèses animaient leur recherche:

  1. Même si certain-e-s enseignant-e-s pourraient penser que fournir les dias aux étudiant-e-s avant le cours constitue un risque par rapport à la présence de ceux/celles-ci aux séances, on peut penser aussi que disposer des dias pour venir au cours peut constituer un bon soutien pour la prise de notes. Si la structure de ce qui est dit en classe est bien présentée dans les dias, on peut ainsi supposer que les étudiant-e-s auront un cadre rassurant pour prendre leurs notes. Ceci peut surtout être vrai pour les jeunes étudiant-e-s qui ne maîtrisent pas toujours cette compétence: certain-e-s écrivent tout ce que dit le professeur, d’autres ont tendance à écrire seulement ce qui les intéresse vraiment ou seulement ce qu’ils/elles comprennent au moment même.
  2. La prise de notes demande en général pas mal d’attention cognitive pendant un cours. Si cette activité est soutenue et facilitée grâce aux dias fournies avant le cours, on peut donc supposer que les étudiant-e-s seront alors plus à l’aise et enclins à participer en posant des questions et en répondant à celles de l’enseignant-e. En plus, lire les dias avant un cours pourrait permettre aux étudiant-e-s de se poser des questions et ainsi de préparer leur prise de notes et leur participation.
  3. Enfin, si la prise de notes est facilitée et que la participation augmente, on pourrait même imaginer que les étudiant-e-s réussissent mieux leurs examens.

Babb et Ross ont donc testé ces hypothèses. Les deux cours qu’ils ont observés se donnaient deux fois sur l’année lors de chaque semestre. Au premier semestre, les dias étaient disponibles en ligne avant les séances pour le premier cours et après les séances pour le second cours, et vice versa au second semestre. Les dias, et c’est très important de le souligner, étaient au nombre de 15-20 pour 50 minutes de cours et elles reprenaient la structure générale de la séance, des définitions de concepts et quelques illustrations graphiques. Par ailleurs, pour le second cours « Développement cognitif », la présence et la participation des étudiant-e-s comptaient pour leur note finale.

Au final, les résultats (obtenus au moyen de questionnaires auprès des étudiant-e-s à la fin de chaque semestre) indiquent que les deux premières hypothèses se vérifient. En effet, il apparaît que les étudiant-e-s se rendent plus volontiers au cours et participent davantage lorsque les dias sont disponibles avant les séances. Selon les étudiant-e-s, c’est un bon soutien pour leur prise de notes et cela leur permet de ne pas trop stresser à l’idée de « perdre » des informations importantes énoncées par l’enseignant-e. Cela leur permet donc aussi de participer davantage au cours en posant des questions. Une précision importante néanmoins: les auteurs ont vérifié ces deux hypothèses surtout avec les étudiant-e-s les plus jeunes dans le premier cours où la participation n’était pas notée. Dans le second cours, avec des étudiant-e-s de quatrième année où la participation entrait dans la note finale, la mise à disposition des dias à l’avance a beaucoup moins joué: les étudiant-e-s devaient de toute façon venir.

Par contre, par rapport à la réussite aux examens, aucune différence n’a été constatée, laissant supposer que « d’autres facteurs » entrent en compte, par exemple le travail personnel…, pour expliquer la note finale des étudiant-e-s (heureusement en fait 🙂 ).

Que retenir de tout ceci?

  • avec de jeunes étudiant-e-s, distribuer les dias avant les séances peut être utile pour les encourager à venir au cours, les aider à structurer leur prise de notes et soutenir leur participation. On pourrait ainsi leur suggérer de lire les dias à l’avance et de noter les questions qu’ils/elles se posent et qu’ils/elles pourraient poser au cours.
  • si la présence et la participation sont cotées, peu importe que les dias soient disponibles à l’avance ou pas. Mais on peut quand même noter que rendre les dias disponibles à l’avance peut être perçu par les étudiant-e-s comme un signe que l’enseignant-e fait des efforts pour leur rendre la tâche plus aisée. Ceci peut alors les encourager en retour à participer davantage.
  • curieusement, lorsque les dias sont disponibles à l’avance, les étudiant-e-s les trouvent mieux faites, probablement parce qu’ils/elles les trouvent plus utiles.

J’ajoute un point qui me paraît important: le contenu des dias a probablement aussi une importance. Comme je l’ai signalé plus haut, les dias, dans cette étude, ne reprenaient pas tout ce qui était dit au cours. Elles avaient surtout pour fonction de rendre la structure du cours transparente et d’attirer l’attention sur les concepts les plus importants. Les étudiant-e-s n’étaient donc pas dispensé-e-s de prendre des notes, ni de venir au cours, puisque sans les explications de l’enseignant-e, les dias avaient peu de sens. Ceci est certainement quelque chose à garder en tête lorsque l’on conçoit les dias de son cours.

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Qu’il soit noir, vert ou blanc, ou même en papier, qu’on y écrive avec une craie ou un feutre, qu’il soit magnétique ou pas, c’est un outil qu’on voit partout dans les auditoires de l’enseignement supérieur. Et même si les tableaux électroniques ont fait leur apparition il y a quelques années, rien ne semble détrôner le tableau noir au hit-parade des instruments utilisés par les enseignant-e-s quand ils/elles donnent cours (avec les dias PowerPoint bien sûr…). Nous connaissons tou-te-s l’expression « aller au tableau » qui nous a donné tant de sueurs froides…

Utiliser l’ardoise et la craie pour dessiner ou écrire existe depuis des siècles. Il semble cependant que le tableau n’ait commencé à être utilisé à l’école qu’au début du 19ème, en tout cas aux Etats-Unis. De plus en plus, il est remplacé par des tableaux blancs utilisés avec des feutres effaçables, ce qui évite bien des problèmes aux personnes allergiques à la craie ainsi que les questions d’approvisionnement des classes en eau…

Mais même s’il est utilisé partout, ce n’est pas toujours évident de s’approprier cet outil pour enseigner. Écrire bien droit sur une ligne imaginaire et suffisamment grand pour les étudiant-e-s du 50ème rang, recourir aux couleurs à bon escient, gérer l’espace disponible, ne pas effacer sans que les étudiant-e-s aient pris note… et ne pas faire « crisser » sa craie, c’est tout un apprentissage.

Que ce soit en anglais ou en français, je n’ai pas l’impression que les ressources à ce sujet sont légion. Et quand elles existent, elles portent plutôt sur l’enseignement primaire que supérieur. Par contre, il y a beaucoup d’articles (dans la presse surtout) qui prédisent la mort à court terme de cet outil vu le développement des technologies comme les dias PowerPoint ou les Smart Boards… mais disons que ce n’est pas ce que j’observe à l’université.

Selon G. Voz (2008), le tableau noir peut être utilisé pour trois fonctions: la construction des connaissances, le support à la connaissance formalisée et la gestion de la dynamique du groupe. Dans l’enseignement supérieur (particulièrement pour les grands groupes), ce sont surtout les deux premières fonctions qui sont les plus utilisées. Et c’est la plupart du temps l’enseignant-e qui l’utilise…

Quelques petits conseils que je retiens de la lecture de ce texte:

  • pour présenter et développer un processus scientifique, le tableau noir est un outil redoutablement efficace. Il est possible de développer pas à pas tout un raisonnement, mathématique par exemple, qui permet aux étudiant-e-s de suivre et prendre note tout en étant attentif aux explications de l’enseignant-e. La même présentation avec des dias PowerPoint attire beaucoup trop les regards et distrait les étudiant-e-s des explications données par l’enseignant-e. Et oui… c’est ce qu’ont découvert trois chercheurs américains récemment dans leur article Information retention from PowerPoint and traditional lectures (Savoy, Proctor & Salvendy, 2009).
  • pour noter les réponses des étudiant-e-s à une question posée en classe et ensuite amorcer un débat, le tableau noir peut être très utile. La même chose peut être faite avec PowerPoint mais cela exige de pouvoir taper rapidement au clavier de l’ordinateur…
  • quelques règles typographiques: écrire suffisamment grand et en ligne droite (demander éventuellement aux étudiant-e-s du fond s’il/elles peuvent lire), utiliser des « – » ou des « * » pour les énumérations d’idées ou de concepts, utiliser les couleurs pour écrire, souligner ou entourer les mots importants…
  • il peut être utile de préciser ses règles d’usage du tableau noir en début de semestre: le tableau de gauche et celui de droite peuvent avoir des fonctions différentes (par exemple un pour les explications de concepts ou de processus et l’autre pour les synthèses, ou un pour les consignes d’exercices et l’autre pour les solutions), un code couleur peut être utilisé pour différents types de concepts, etc.
  • il peut être très utile de réfléchir à l’avance à la façon dont les notes écrites au tableau seront organisées. De même, prendre un peu de recul à certains moments permet de vérifier si rien n’a été oublié ou s’il n’y a pas de faute d’orthographe.

Enfin, la lecture de l’article de Savoy, Proctor et Salvendy (2009) peut être éclairante… et surprenante! En effet, la rétention d’informations par les étudiant-e-s est, selon leur étude, de 15% meilleure lors de cours dits « traditionnels » recourant à l’usage du tableau noir que lorsque le cours est donné avec des dias PowerPoint non-animées (pour un cours à des ingénieurs). Pourtant, les étudiant-e-s préfèrent PowerPoint… Pire: ces chercheurs n’ont pas observé de différence significative du point de vue de la rétention d’information entre les étudiant-e-s qui avaient suivi le cours avec PowerPoint et ceux/celles qui ne sont pas venu-e-s au cours et qui ont juste lu le livre! Par contre, des dias PowerPoint semblent plus efficaces pour la rétention par les étudiants de schémas complexes qu’il est difficile de dessiner sur un tableau. Le gros problème observé est en fait que les étudiant-e-s ont le regard trop attiré par les dias et ne font pas assez attention aux explications orales. Et finalement, dans un cas comme dans l’autre, aménager des moments d’interactions avec l’enseignant-e ou entre étudiant-e-s semble bénéfique pour la compréhension et la rétention.

Un tout dernier conseil: à la fin d’un cours, après avoir utilisé le tableau, merci de l’effacer pour laisser place nette à l’enseignant-e qui vous suit 🙂

Savoy, A., Proctor, R. W., & Salvendy, G. (2009). Information retention from PowerPoint(TM) and traditional lectures. Computers & Education, In Press, Corrected Proof. doi: 10.1016/j.compedu.2008.12.005.

Voz, G. (2008). Le tableau noir en classe : petite présentation aux (futurs) enseignants qui se posent des questions. ISELL Sainte-Croix, Liège, Belgique.

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