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Posts Tagged ‘enseignement hybride’

Il y a quelques années, j’avais écrit un article à propos de la différenciation de l’enseignement à l’université. J’avais proposé quelques pistes pédagogiques pratiques. Depuis 2014, cette réflexion a débouché sur l’organisation d’un atelier d’1h30 dont je partage le matériel ici. L’AIPU Suisse avait aussi organisé une université d’été sur le sujet en 2014.

Pourquoi différencier dans l’enseignement supérieur? L’idée est d’amener le plus d’étudiant·e·s possible vers l’atteinte des apprentissages visés (et au-delà) en leur proposant des situations qui tiennent compte de leurs intérêts, motivations ou conditions préférées pour apprendre. Comment faire quand une partie seulement des étudiant·e·s maîtrise les prérequis du cours? Comment faire quand, dans un même groupe, il y a des étudiant·e·s qui viennent de filières différentes, ou pour qui le cours correspond à un nombre différent de crédits? Est-ce possible lorsqu’il y a plus de 100 étudiant·e·s? Comment faire lorsque certain·e·s étudiant·e·s annoncent qu’ils/elles travaillent pendant leurs études et qu’ils/elles ne peuvent pas venir à toutes les séances? Ces cas de figure ne sont pas si rares et organiser son enseignement pour tenir compte au mieux de ces différences n’est pas toujours simple.

L’atelier commence par une invitation à une réflexion individuelle des participant·e·s à propos des conditions dans lesquelles ils/elles apprennent le mieux. En comparant ces conditions individuelles avec celles des autres, on se rend vite compte que ce qui est important pour quelqu’un ne l’est pas nécessairement pour d’autres. Ceci signifie que par définition, tout groupe d’étudiant·e·s est forcément divers dans ses préférences et orientations d’apprentissage. Comment essayer d’en tenir compte dans son enseignement?

Ensuite, je présente quelques définitions et quelques pistes pratiques pour mettre en oeuvre une certaine forme de différenciation en classe, même avec un grand groupe. Les références sur lesquelles je me suis appuyé pour faire cette synthèse se trouvent sur la dernière dia de la présentation.

Enfin, une activité d’étude de cas est proposée aux participant·e·s. Par petits groupes, ils/elles analysent quatre situations d’enseignement (PDF – 239Ko) qui pourraient nécessiter une différenciation de l’enseignement. Une discussion sur les aspects pratiques et sur cette « nécessité » justement a lieu finalement.

Dans les discussions avec les participant·e·s, je me rends compte souvent que tout le monde n’est pas nécessairement « prêt » à adapter et différencier ses enseignements. Les conceptions de l’enseignement tournent parfois autour du nombre d’étudiant·e·s qui rendrait impossible la différenciation ou l’impression d’une scolarisation de l’enseignement supérieur. Mon habitude est en général de ne pas essayer de convaincre à tout prix mais plutôt de poser des questions à propos de l’utilité de la différenciation et de proposer des pistes pratiques réalistes. J’invite aussi à essayer au moins une petite activité de différenciation et à évaluer sa mise en oeuvre et son efficacité.

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Le site EducPros.fr publie ce mois-ci un dossier intitulé « Innovations pédagogiques: l’enseignement supérieur autrement« . Voici son premier paragraphe:

Si l’on s’en tient à la définition usuelle, innover consiste à introduire quelque chose de neuf dans un contexte bien établi. Qu’est-ce alors innover dans le domaine de l’enseignement supérieur ? Mettre en place un système d’apprentissage allant à l’encontre de la doxa habituelle ? Cela se traduit, au sein des établissements, par de multiples expériences, portées par des équipes d’enseignants motivés. Au cas par cas, en fonction des matières et du public, il s’agit de s’adapter, d’inventer de nouveaux outils. Avec un objectif : faire autrement pour faire mieux. Innovation ou changement des pratiques pédagogiques ?

C’est l’occasion de s’interroger sur ce qu’on entend généralement par « innovation pédagogique ». Je me souviens de la définition donnée par Bernadette Charlier et Daniel Peraya en 2003:

Il s’agit d’une transformation, d’un changement effectif et pas seulement l’idée ou le projet de changement. Cette transformation peut être apportée par des acteurs différents et s’effectuer à un niveau local ou global . Cette transformation devrait avoir des effets positifs (amélioration de l’efficacité du système).

Dans certaines universités, l’innovation est encouragée, voire même récompensée. Ici à Lausanne, le Fonds d’Innovation Pédagogique finance chaque année des projets d’enseignant-e-s. Pour 2011, 20 projets ont été retenus en provenance de toutes les facultés. Le résumé de ces projets est proposé en lecture sur le site. Personnellement, j’accompagne trois de ces projets cette année et j’essayerai de parler un peu de leurs thématiques dans les prochains mois.

Innover, ce n’est donc pas juste « ajouter du neuf », c’est aussi améliorer, changer, et donc « apprendre ». C’est ce que je souhaite à tou-te-s pour 2011!

Charlier, B., & Peraya, D. (Éd.). (2003). Technologie et innovation en pédagogie: dispositifs innovants de formation pour l’enseignement supérieur. Brussels: De Boeck Université.

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Cette année, le 24 décembre tombe un vendredi. Ce n’est a priori ni un jour de congé ni un jour férié. Certaines universités ont cependant annulé les cours ce jour-là (ici à Lausanne, l’Université sera fermée à partir de midi). Mais dans les autres universités, que va-t-il se passer? Il y a fort à parier que les cours de l’après-midi, et même de la matinée, vont être désertés par les étudiant-e-s. Et je serais tenté d’ajouter « à juste titre » à ma phrase précédente… En effet, qui pourrait en vouloir aux étudiant-e-s de rentrer (parfois loin) dans leur famille la veille de Noël?

Je me suis dès lors posé la question « Que faire avec mes étudiant-e-s le 24 décembre? »… avant qu’on ne me la pose… et j’ai essayé de trouver quelques réponses possibles et réalistes. Je parle ici du 24 décembre, mais la question pourrait se poser aussi la veille d’un week-end de Pâques, un vendredi de l’Ascension ou quand un jour férié comme le 1er août (fête nationale suisse) ou le 11 novembre (qui n’existe pas en Suisse…) tombe un jeudi ou un mardi et qu’on serait bien tenté de « faire le pont ».

Je classe mes quelques idées en deux catégories: si les étudiant-e-s se déplacent jusqu’au campus ou pas. Mais dans tous les cas, il me semble que proposer une activité « qui sorte de l’ordinaire » peut être intéressant pour faire une synthèse des cours du premier semestre, pour aller plus loin dans la matière, pour se préparer à l’examen de janvier ou pour aborder certains contenus sous un angle différent. J’avoue que quelques-unes des idées exposées ici sont librement inspirées du livre de Patti Shank (2007) « The online learning idea book« …

  1. Au cas où les étudiant-e-s viennent en classe à la séance prévue, il serait possible de:
    • Proposer une séance de questions-réponses. La semaine qui précède, on peut dire aux étudiant-e-s que la séance du 24 décembre sera consacrée à leurs questions. Cela implique qu’ils/elles parcourent l’ensemble du cours et notent leurs questions. Pour préparer au mieux les réponses, on peut même leur demander de poster leurs questions dans le forum du cours (Moodle à Lausanne) ou par courrier électronique.
    • Proposer un « examen blanc » ou quelques questions typiques d’examen avec un corrigé. La première moitié du cours pourrait être consacrée à une simulation d’examen et la seconde moitié à une correction avec des réponses aux questions qu’ils/elles se posent. Si l’examen est un QCM, peut-être que c’est l’occasion de s’essayer aux « zappettes » (ou clickers), ces petits boîtiers de vote électronique qui aident à organiser une séance interactive avec un (grand) groupe (PDF – 185Ko).
    • Proposer une discussion commune sur une lecture. La semaine précédente, il est possible de demander aux étudiant-e-s de lire un article qui approfondit une matière du cours ou qui en fait la synthèse. La séance du 24 décembre permettrait ensuite de faire la synthèse du cours de façon originale en discutant avec les étudiant-e-s du contenu de l’article.
    • Inviter un-e expert-e externe. Pour faire la synthèse du cours, un-e expert-e (venant de la recherche ou du monde professionnel) pourrait être invité-e. Les étudiant-e-s devraient préparer leurs questions au préalable et la discussion avec l’expert-e pourrait aider à approfondir la matière. Si l’expert-e ne peut pas se déplacer, on pourrait demander aux étudiant-e-s d’aller l’interviewer dans la semaine qui précède. La séance permettrait alors de discuter du contenu de cette interview.
    • Présenter et discuter des cas pratiques ou des exemples. Il est possible d’aborder certaines matières sous un angle différent par exemple via des cas pratiques à résoudre (en droit ou en médecine), des exemples concrets à discuter (en psychologie ou en sciences de l’éducation) ou des documentaires vidéos (en histoire ou en géologie).
  2. Au cas où on propose aux étudiant-e-s une activité à réaliser seul-e ou en groupe à la maison:
    • Proposer une lecture. Les étudiant-e-s auraient à lire un article et quelques questions-guides les aideraient à parcourir le texte de façon efficace. Ils/elles seraient ensuite invité-e-s à en discuter sur le forum du cours.
    • Interviewer un-e expert-e ou effectuer une visite de terrain. Les étudiant-e-s devraient effectuer une telle démarche seul-e ou en petit groupe et envoyer un compte-rendu écrit. Ce travail compterait pour l’évaluation finale.
    • Réaliser un travail d’approfondissement ou de synthèse à propos d’un chapitre du cours ou d’une thématique précise. Il serait demandé aux étudiant-e-s de faire une recherche bibliographique ou une synthèse de leurs notes prises au cours à propos d’un chapitre ou d’une thématique et de partager cette recherche ou cette synthèse avec les autres étudiant-e-s via l’espace virtuel du cours.
    • Proposer une séance collective de questions-réponses en ligne. La séance de questions-réponses pourrait se dérouler à distance et durer une certaines période (une semaine ou deux). Chaque étudiant-e serait invité-e à poser au moins une question et à répondre à au moins deux questions de leurs collègues.

Ce ne sont ici que quelques idées générales… mais j’espère que cela peut en générer d’autres pour « dynamiser » le 24 décembre de nos étudiant-e-s. Pour aller plus loin, je conseille par exemple le livre de Patti Shank dont voici la référence complète (une bonne idée de cadeau à placer sous le sapin non?):

Shank, P. (2007). The online learning idea book: 95 proven ways to enhance technology-based and blended learning. San Francisco, CA: John Wiley and Sons.

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