« Questions de Pédagogies dans l’Enseignement Supérieur« , 7ème du nom, est un colloque bisannuel qui existe depuis 2001 et auquel je vais participer pour la première fois. Cette année, ce sera la semaine prochaine, du 2 au 5 juin à l’Université de Sherbrooke au Québec. Le thème est « Les innovations pédagogiques en enseignement supérieur: pédagogies actives en présentiel et à distance ». Je me réjouis d’expérimenter ce colloque qui présente plusieurs particularités intéressantes. Tout est fait pour que les discussions entre praticien-ne-s et chercheur-euse-s soient enrichissantes. Chaque session dure 1h30 pour trois présentations. Chaque présentateur-trice parle pendant 10 minutes seulement puis il reste 1 heure pour la discussion préparée par le/la modérateur-trice. Cela demande une préparation particulière: pas trop de dias de présentation et réflexion à l’avance sur les questions proposées par le/la modérateur-trice.
Une des deux présentations que j’y ferai s’intitule « Une question de temps: apprentissage par problèmes dans un cours de police scientifique » (PDF – 181Ko). C’est un texte qui fait le bilan d’un projet d’un an financé par le Fonds d’Innovation Pédagogique de l’Université de Lausanne et mené par Céline Weyermann, professeure à l’Institut de Police Scientifique avec Cyril Muehlethaler, Romain Voisard et moi-même. Le but de ce projet était d’introduire des apprentissages par problèmes dans un cours de Master en police scientifique intitulé « Datation et Chronologie ». Voici quelques extraits de l’introduction:
Le domaine forensique a bénéficié ces dernières années d’une expansion importante résultant en un programme de cours de plus en plus chargé. C’est ainsi, que récemment un nouveau cours lié à une approche plus systématique des aspects temporels en science forensique a été introduit dans le cursus des étudiants de Master [Weyermann et Ribaux, 2012]. Leur programme étant déjà suffisamment chargé, ce cours n’a pas pour but d’introduire de matière supplémentaire mais, en se basant sur les notions acquises précédemment, de permettre aux étudiants de considérer et intégrer les aspects temporels dans la résolution de cas pratiques. Le cours intègre donc une partie interactive importante afin de faciliter l’apprentissage des étudiants et de leur permettre de développer leurs compétences de réflexion dans les situations réelles qu’ils retrouveront plus tard dans leur vie professionnelle. L’introduction de l’apprentissage par résolution de problèmes (APP) soulève plusieurs questions pédagogiques [Moskovitz, 1992], notamment le fait de disposer d’un nombre de problèmes suffisants et de les adapter aux objectifs d’apprentissage. Il faut également considérer l’encadrement des groupes d’étudiants et la formation spécifique des personnes qui les encadrent [Savin-Baden et Howell Major, 2004]. Ainsi cette nouvelle approche dans ce cours visait les objectifs suivants :
- Soumettre aux étudiants du matériel stimulant la discussion de problèmes importants dans le domaine :
- Proposer des problèmes provenant de situations forensiques réelles ;
- Guider les étudiants dans une réflexion critique en leur fournissant peu de ressources afin de les amener à la résolution de problèmes par eux-mêmes ;
- Amener les étudiants à travailler en collaboration dans des petits groupes de 3-4 personnes ;
- Stimuler les étudiants à identifier leur besoin en apprentissage et ressource ;
- Amener les étudiants à utiliser les connaissances acquises dans la résolution de nouveaux problèmes et identifier de nouveaux problèmes ;
- Apprendre une nouvelle approche pédagogique à l’enseignante.
Pour évaluer ce projet, nous avons analysé plusieurs points de vue: celui des collègues de l’institut qui ont participé à la conception des problèmes, celui des étudiant-e-s via des questionnaires et un focus group, celui du conseiller pédagogique qui est venu en observation en classe et celui de l’enseignante qui a tenu un carnet de bord. C’est cette évaluation que je présenterai au colloque.
L’intérêt d’un tel travail est de soutenir et valoriser les projets pédagogiques des enseignant-e-s. C’est ce que nous appelons le « scholarship of teaching and learning » ou SoTL (j’en ai déjà parlé à plusieurs reprises sur ce blog). A ce propos, je trouve l’objectif 7 ci-dessus particulièrement intéressant. La professeure l’avait inscrit d’emblée dans le projet comme un objectif personnel. Le carnet de bord qu’elle a tenu pendant le semestre qu’a duré son cours a permis de suivre l’évolution de ses réflexions sur le projet.
Tous les actes des précédents colloques sont consultables en ligne.
Weyermann, C., Daele, A., Muehlethaler, C. & Voisard, R. (2013). Une question de temps : apprentissage par problèmes dans un cours de police scientifique. Actes du VIIè colloque Questions de Pédagogie dans l’Enseignement Supérieur, Sherbrooke, Québec, 3-5 juin 2013.
Bonsoir Amaury,
présentation très intéressante. Au plaisir de vous rencontrer à Sherbrooke la semaine prochaine. J’animerai (en compagnie d’une équipe de joyeux enseignants-chercheurs) l’atelier les « trois dés d’Alice », une conception pédagogique qui repose sur la créativité dont le but est double :
• décrire les points communs et les différences de motivation entre celles des enseignants et celles des étudiants
• utiliser une technique de créativité et le jeu comme sources de motivation pour innover dans le domaine pédagogique
Bonsoir,
Je n’ai finalement pas participé à cet atelier. Mais si de la documentation existe, ça m’intéresserait d’y jeter un oeil!
Effectivement mettre à disposition aux élèves des ressources pour réussir et repenser en étant plus créatif notre modèle actuel d’éducation sont des pistes pour améliorer l’apprentissage des jeunes.