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Un des points communs à la plupart des ressources que l’on trouve sur la méthode de l’Apprentissage Par Problèmes (APP) pourrait se résumer par la maxime « Tout ou rien ». En grossissant les traits, quand on se lance dans cette méthode au niveau d’une faculté ou d’un programme d’enseignement supérieur, il vaudrait mieux, d’un point de vue pédagogique, organiser tout l’enseignement avec cette méthode plutôt que d’essayer de la marier avec d’autres méthodes plus traditionnelles. La raison principale en est que cela risque d’apporter de la confusion dans l’esprit des étudiant-e-s lorsqu’ils/elles doivent faire preuve d’engagement et d’autonomie dans les moments en APP et se comporter de façon moins active à d’autres moments (par exemple si le mode d’évaluation est peu cohérent avec la méthode APP). C’est en tout cas un message important que je retiens à la lecture des quelques ressources que j’ai rassemblées sur le sujet.

Pour situer l’intérêt de cette méthode, Nicole Roberts, de l’École de Médecine de la Southern Illinois University, résume en 10 points les « essentiels » de l’APP, que ça soit en médecine ou dans d’autres disciplines:

  1. Les étudiant-e-s doivent être responsables de leur propre apprentissage. Un des objectifs de l’APP est de rendre les étudiant-e-s autonomes; avec l’aide des enseignant-e-s dans un premier temps. Ceci implique de préparer les étudiant-e-s à la maîtrise de compétences méthodologiques de base: recherche d’informations, collaboration, organisation et planification de son travail, etc.
  2. Le problème soumis aux étudiant-e-s devrait être peu structuré et permettre une certaine liberté dans la recherche de solution. Idéalement, le problème devrait se présenter comme « dans la vraie vie » de professionnel-le-s dans un contexte de travail pour laisser les étudiant-e-s émettre différentes hypothèses et mettre en place plusieurs pistes pour les vérifier.
  3. Le problème proposé aux étudiant-e-s devrait couvrir plusieurs disciplines ou matières différentes. Une idée forte qui sous-tend cette méthode est justement que les étudiant-e-s fassent des liens entre leurs différents cours et mobilisent des connaissances de plusieurs disciplines.
  4. La collaboration est essentielle. Pour qu’il y ait collaboration, il faut que le problème soit insoluble en travaillant seul pour que les étudiant-e-s se répartissent le travail et s’entraident pour les différentes étapes de la résolution.
  5. Ce que les étudiant-e-s apprennent individuellement quand ils/elles se répartissent le travail devrait être partagé ensuite au sein du groupe. De retour en groupe après un travail individuel, les étudiant-e-s devraient partager leurs découvertes. Le rôle du/de la tuteur-trice est ici assez important pour faciliter l’expression et la discussion.
  6. Les discussions en groupe ne devrait pas porter uniquement sur la résolution du problème mais aussi sur les concepts et principes appris pendant le travail. L’enjeu ici est de s’assurer que les étudiant-e-s seront capables d’utiliser les connaissances qu’ils développent dans d’autres situations futures ou par rapport à d’autres problèmes qu’ils/elles rencontreront plus tard.
  7. L’auto-évaluation et l’évaluation par les pairs devraient être mises en place systématiquement à la fin de chaque problème et unité d’enseignement. L’APP vise aussi à ce que les étudiant-e-s développent des compétences métacognitives à propos de leur propre apprentissage.
  8. Les problèmes proposés aux étudiant-e-s devraient porter sur des sujets réellement rencontrés par des professionnel-le-s sur leur lieu de travail. L’idée est que la résolution de problèmes en classe prépare directement à l’exercice d’un métier.
  9. Les évaluations sommatives devraient porter aussi sur les compétences de résolution de problèmes et pas uniquement sur les contenus appris. Si un des objectifs de l’APP est que les étudiant-e-s développent des compétences de résolution de problèmes, il faudrait en toute logique l’évaluer en tant que tel.
  10. L’APP devrait être la méthode de base dans un curriculum et pas faire seulement l’objet d’activités limitées. Idéalement, l’ensemble des méthodes pédagogiques mises en œuvre dans un curriculum devrait former un tout cohérent où l’activité, l’autonomie et la réflexion des étudiant-e-s seraient favorisées.

Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de travailler avec une assistante de la faculté de médecine qui devait pour la première fois encadrer un groupe d’étudiant-e-s en APP. Elle se posait certaines questions en lien avec les quelques « essentiels » listés ci-dessus:

  • Comment rédiger le problème pour des étudiant-e-s dont c’est la première expérience en APP? Selon les principes ci-dessus, il faudrait toujours que les problèmes soient peu structurés et « déstabilisants » pour les étudiant-e-s. Est-ce que le risque avec des étudiant-e-s de première année n’est pas de les démotiver si le problème est vraiment trop complexe? L’idée que nous avons retenue en discutant est qu’il faudrait peut-être commencer avec des problèmes qui proposent une certaine structure ou de guider les étudiant-e-s un peu plus lorsqu’il s’agit d’un premier travail de groupe.
  • Comment évaluer les apprentissages des étudiant-e-s? Selon quels critères? Manifestement, c’est une question qui ne s’était pas posée au sein de l’équipe pédagogique organisant les APP. Cela posait problème à cette assistante dans la mesure où elle n’était pas sûre d’évaluer les étudiant-e-s de son groupe de façon précise et qu’elle avait l’impression que d’un groupe à l’autre, les étudiant-e-s pouvaient échouer ou réussir parce qu’ils/elles étaient évalué-e-s de façon différente. Finalement, elle a rédigé plusieurs critères d’évaluation qu’elle a transmis aux étudiant-e-s de son groupe.
  • Comment évaluer le temps de travail d’un groupe pour que l’activité APP « rentre » dans le cadre des crédits ECTS? En discutant, l’idée qui s’est dégagée était qu’il faudrait que l’équipe des enseignant-e-s et tuteur-trice-s se mettent d’accord sur le processus et le temps de travail qui seraient comptabilisés pour les étudiant-e-s. Dans son contexte, la discussion n’était pas évidente à initier et ce qui a été retenu, c’est que le travail en APP devait se réaliser en présence au moment des Travaux Pratiques en classe. Ceci peut paraître surprenant en regard de l’autonomie que l’APP requiert de la part des étudiant-e-s. Mais certaines cultures de départements ou de facultés sont bien ancrées et on ne change pas facilement les habitudes à ce niveau 🙂

Voici donc un témoignage de mise en œuvre d’APP qui souligne qu’il y a parfois un décalage entre les grands principes d’une méthode pédagogique et son application concrète. Ce décalage peut venir du fait que des pratiques pédagogiques bien ancrées sont bousculées et que des aménagements sont à prévoir pour en tenir compte.

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Voilà déjà quelques années que l’unité de didactique du département de physique de l’Université de Namur en Belgique a développé un oscilloscope virtuel notamment pour familiariser les étudiant-e-s avec cet appareil avant les TP.

Pour info, un oscilloscope, c’est:

un instrument de mesure destiné à visualiser un signal électrique, le plus souvent variable au cours du temps. Il est utilisé par tous les scientifiques afin de visualiser soit des tensions électriques, soit diverses autres grandeurs physiques préalablement transformées en tension au moyen d’un convertisseur adapté.

Sur le site, les étudiant-e-s peuvent découvrir le principe de l’oscilloscope et ses fonctionnalités de base, manipuler un oscilloscope virtuel (programmé en java) et réaliser des exercices où ils/elles doivent mesurer des signaux.

A l’Université de Namur, les étudiant-e-s de BAC1 en physique, chimie, bio, géographie, médecine, géologie, pharmacie et médecine vétérinaire (!) doivent apprendre à manipuler un oscilloscope lors des TP de physique. L’oscilloscope virtuel leur permet de se familiariser avec l’appareil avant de venir au TP.

Eventuellement, les étudiant-e-s pourraient aussi réviser les exercices avant un examen pratique.

Les étudiant-e-s de Namur peuvent avoir accès à la description de tous les TP auxquels ils/elles devront participer en cours d’année. C’est une belle base d’informations quand on doit organiser des TP avec quelques centaines d’étudiant-e-s…

Ah oui, une version en allemand de l’oscilloscope virtuel a aussi été produite en collaboration avec l’Université de Kaiserslautern.

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